Chapitre 5

LA VARIABILITE DE LA FREQUENCE CARDIAQUE

Par Pascal Balducci

Les durées entre chaque battement cardiaque ne sont pas constantes. Par exemple, si vous avez une fréquence cardiaque moyenne de 60 batts/min, chaque battement ne sera pas espacé du suivant exactement de 1 seconde mais va varier autour de cette valeur moyenne. On dit aussi que les intervalles R-R (visibles sur un tracé électrocardiogramme) ne sont pas constants. Ainsi, pour une valeur moyenne de 50 batts/min, on peut avoir une courbe d’enregistrement des intervalles R-R qui ressemble à la Figure ci-dessous : 

Visualisation des intervalles R-R (reflet de la VFC). Une variabilité importante de la courbe est considérée comme positif pour la forme de l’athlète. Cette santé cardiaque est assimilée à une bonne souplesse du système nerveux autonome.

 

L’analyse de la variation de ces durées détermine la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC), enregistrée au moyen d’un cardiofréquencemètre. De nombreuses applications (Haptools, HRV 4 training, Elite HRV, Firstbeat, inCORPUS®,…) permettent l’enregistrement fiable des données cardiaques.

La VFC est le marqueur du Système Nerveux Autonome (sympathique et parasympathique). Le système sympathique intervient dans les activités involontaires des situations de stress et d’éveil. Il stimule l’ensemble des organes qui jouent un rôle dans la défense de l’organisme. Le neuromédiateur principal du système sympathique est l’adrénaline. Elle accélère le rythme cardiaque et augmente la pression sanguine. Le système parasympathique se charge des activités involontaires dans les situations de paix et de repos. Les activités larges de la digestion sont stimulées (sécrétions salivaire, stomacale, intestinale, hépatique, pancréatique). Le neuromédiateur principal du système parasympathique est l’acétylcholine. Elle ralentit le rythme cardiaque et diminue la pression sanguine. La respiration est plus calme.

Dans les disciplines aérobies, des études ont montré la pertinence de l’utilisation de la VFC dans la gestion de la charge d’entraînement (Kiviniemi et al., 2007), dans la mesure de cette charge (Kaikkonen et al., 2010), dans la détection du surentraînement (Foster, 1998) et l’estimation de la performance aérobie (Buchheit et al., 2010). Enfin, il a été montré que l’exercice aérobie accroît la VFC indépendamment du sexe et de l’âge (e.g. Carter et al, 2003). Les recherches se poursuivent sur l’exploitation des nombreux indices mais il y a consensus sur le protocole d’enregistrement : le matin au réveil, pendant 5 minutes, et couché. Les dernières recherches préconisent la respiration libre (c’est-à-dire rythme non imposé) et la focalisation sur l’indice temporel du RMSSD[1] comme marqueur fondamental de la VFC.

La VFC est une méthode rapide et non invasive de suivi physiologique et de contrôle du surentraînement. C’est un outil individuel à associer avec d’autres méthodes (Foster, questionnaires, bilans sanguins, évaluations physiques). La VFC permet une planification de l’entraînement et une gestion des périodes de récupération et de charge intensive. Couplée avec la FC de repos, la charge de travail, la contrainte et les sensations, la VFC devient un outil objectif précieux pour l’entraîneur comme pour l’athlète.

Suivi cardiaque d’Erik Clavery, champion du monde de trail 2011.

[1] Il s’agit d’un indice de variabilité cardiaque un tout petit peu compliqué qui rend compte des différences entre intervalles R-R successifs.

L'INDICE DE MONOTONIE

Par Pascal Balducci

Entraîner, c’est traiter les écarts entre les qualités requises par la tâche sportive et les capacités de l’athlète. Pour cela, il faut définir les contenus d’entraînements (aérobie, anaérobie, renforcement musculaire, étirements, technique, mental, récupération) et élaborer une progression cyclique (de la séance au plan de carrière) en paramétrant les composantes de la charge (volume, intensité, fréquence, spécificité) et en respectant les principes généraux de l’entraînement que sont la progressivité, l’alternance, la diversité, la spécificité et l’individualisation. La tâche est complexe mais nous disposons fort heureusement d’outils pour la contrôler. A la quantification des charges de travail et à la variabilité de la fréquence cardiaque, vient s’ajouter le concept de monotonie de l’entraînement. Ce concept, proposé par le physiologiste américain Carl Foster rend compte du respect des principes énoncés plus haut. La monotonie est le quotient de la charge moyenne journalière par l’écart-type de la charge :

Monotonie = Charge moyenne journalière / Ecart-type de la charge[1]

Cet indice rend compte de la variabilité de l’entraînement : plus l’entraînement est diversifié, plus l’indice de monotonie est faible, et moins grand est le risque de surentraînement et de blessure. Foster a suggéré qu’au-delà de 2, le risque de fatigue lié au surentraînement est élevé, et qu’au-delà de 2,5, le risque de maladie et de blessure est plus important.

L’indice de monotonie permet le calcul de la contrainte (ou charge effective) :

Contrainte = Monotonie × Charge

Pour Foster, une charge effective supérieure à 6000 unités arbitraires peut conduire au surentraînement, de même qu’une charge effective supérieure à 10000 u.a augmente considérablement le risque de blessure. Réduire la monotonie, c’est donc optimiser la charge d’entraînement pour accroître la capacité de performance.

Illustration de l’évolution de la charge d’entraînement, de la monotonie et de la contrainte (produit de ces deux facteurs) au cours de 15 semaines d’entraînement de l’ancien champion du monde de trail, Erik Clavery. Note : victoire à la SaintéLyon en S12.

[1] Par exemple si votre charge d’entraînement quotidienne est de 285; 320; 450; 125; 560; 125; 230 pour les 7 jours de la semaine 1, la charge moyenne est de 300 et l’indice de monotonie est de 1,85. Pour une charge moyenne équivalent en semaine 2 mais avec la répartition suivante : 340; 285; 350; 335; 310; 220; 260, l’indice de monotonie sera supérieur à 6. C’est donc l’inverse du coefficient de variation.                                                                                      

QUESTIONNAIRE DE DETECTION DU SURENTRAINEMENT DE LA SOCIETE FRANÇAISE DE MEDECINE DU SPORT

Le questionnaire de détection du surentraînement de la SFMS se déroule en 3 parties : 

  1. Répondez à ces questions
  • y a-t-il eu au cours du dernier mois, un événement important ayant perturbé votre vie personnelle ou familiale ? o oui o non
  • avez-vous arrêté votre entraînement pour maladie ou blessure ? o oui o non

Si oui, laquelle ?

  • prenez-vous un traitement actuellement ? o oui o non

Si oui, lequel ?

  • avez-vous effectué un stage récent en altitude (dans les derniers 15 jours) ?  o oui o non
  • avez-vous été privé de sommeil cette dernière semaine (décalage horaire ou autre) ? o oui o non
  • avez-vous des troubles des règles ? o oui o non
  1. Mettez une croix pour vous situer entre ces deux extrêmes :

Mon niveau de performance est :

Mauvais   _____________________________ Excellent

Mon état physique :

Grande forme ___________________________Méforme

Je me fatigue :

Plus lentement_____________________ Plus rapidement

Je récupère de mon état de fatigue :

Plus vite   __________________________Plus lentement

Je me sens :

Très détendu_________________________Très anxieux

J’ai la sensation que ma force musculaire a :

Augmenté ____________________________Diminué

J’ai la sensation que mon endurance a :

Augmenté _____________________________ Diminué

  1. Remplissez ce tableau

Ce dernier mois : Cocher la bonne réponse

OUI

NON

1 Mon niveau de performance sportive/mon état de forme a diminué

  

2 Je ne soutiens pas autant mon attention

  

3 Mes proches estiment que mon comportement a changé

  

4 J’ai une sensation de poids sur la poitrine

  

5 J’ai une sensation de palpitation

  

6 J’ai une sensation de gorge serrée

  

7 J’ai moins d’appétit qu’avant

  

8 Je mange davantage

  

9 Je dors moins bien

  

10 Je somnole et baille dans la journée

  

11 Les séances me paraissent trop rapprochées

  

12 Mon désir a diminué

  

13 Je fais de contre-performances

  

14 Je m’enrhume fréquemment

  

15 J’ai des problèmes de mémoire

  

16 Je grossis

  

17 Je me sens souvent fatigué

  

18 Je me sens en état d’infériorité

  

19 J’ai des crampes, douleurs musculaires fréquentes

  

20 J’ai plus souvent mal à la tête

  

21 Je manque d’entrain

  

22 J’ai parfois des malaises ou des étourdissements

  

23 Je me confie moins facilement

  

24 Je suis souvent patraque

  

25 J’ai plus souvent mal à la gorge

  

26 Je me sens nerveux, tendu, inquiet

  

27 Je supporte moins bien mon entraînement

  

28 Mon cœur bat plus vite qu’avant au repos

  

29 Mon cœur bat plus vite qu’avant à l’effort

  

30 Je suis souvent mal fichu

  

31 Je me fatigue plus facilement

  

32 J’ai souvent des troubles digestifs

  

33 J’ai envie de rester au lit

  

34 J’ai moins confiance en moi

  

35 Je me blesse facilement

  

36 J’ai plus de mal à rassembler mes idées

  

37 J’ai plus de mal à me concentrer dans mon activité sportive

  

38 Mes gestes sportifs sont moins précis, moins habiles

  

39 J’ai perdu de la force, du punch

  

40 J’ai l’impression de n’avoir personne de proche à qui parler

  

41 Je dors plus

  

42 Je tousse plus souvent

  

43 Je prends moins de plaisir à mon activité sportive

  

44 Je prends moins de plaisir à mes loisirs

  

45 Je m’irrite plus facilement

  

46 J’ai une baisse de rendement (activité scolaire ou professionnelle)

  

47 Mon entourage trouve que je deviens moins agréable à vivre

  

48 Les séances sportives me paraissent trop difficiles

  

49 C’est ma faute si je réussis moins bien

  

50 J’ai les jambes lourdes

  

51 J’égare plus facilement les objets (clefs, etc.)

  

52 Je suis pessimiste, j’ai des idées noires

  

53 Je maigris

  

54 Je me sens moins motivé, j’ai moins de volonté, moins de ténacité

  

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